Il est deux façons pour l'historien de modifier, de
renouveler ou, pour le moins, d'enrichir nos connaissances de l'Afrique antique
: découvrir et exploiter des documents de la culture matérielle d'une part et
d'autre part utiliser des méthodes d'approche originales ainsi qu'élaborer des
hypothèses de travail fécondes. A cela s'ajoutent les suggestions apportées par
les événements extérieurs qui influent sur la vision de l'historien :
l'accession à l'indépendance des pays du Maghrib a certainement contribué à
modifier certains schémas traditionnels.
Trop peu de temps s'est
écoulé pour que nous puissions juger des résultats, mais nous pouvons du moins
définir quelques-unes des voies qui semblent s'offrir à la recherche. Aussi, en
passant de l'Afrique préromaine à l'Afrique romanisée pour aboutir à la chrétienté
naissante de l'antiquité tardive,
tenterai-je de dresser un bilan provisoire
et de proposer quelques éléments de réflexion [1].
[17]
* * *
Afrique préromaine, le mot
n'est pas excellent car définir un temps par un autre, par opposition à un
futur que nous connaissons - ou croyons connaître -, c'est mutiler ce temps, ce
passé qui ne contient pas seulement le germe d'un avenir. Afrique indépendante,
serait-on tenté de dire si ce n'était oublier le monde de Carthage et surtout
oublier que nulle terre n'est une île : trop nombreux sont les liens que l'on
devine entre l'Afrique et le monde méditerranéen, dès la préhistoire ou la
protohistoire, et plus tard entre les royaumes massyle, masaesyle et Rome.
Berbérie, dit-on parfois, mais le terme a tellement été galvaudé au profit de
mauvaises causes politico-historiques que l'on a quelque scrupule à
l'employer. Je m'en tiendrai donc à ce terme d'Afrique préromaine d'autant plus
volontiers que les pages qui suivront montreront que l'arrivée de Rome n'est
que la dernière étape d'une évolution qui ouvrait l'Afrique aux civilisations
méditerranéennes.
En 1965 a été publiée la
thèse de IIIe cycle de M. G. Vuillemot qui apporte le résultat des recherches
effectuées sur la côte oranaise [2].
A l'embouchure de la Tafna, sur l'îlot de Rachgoun, un habitat et une nécropole
ont été fouillés. Quatre sondages ont donné des traces de constructions. Le
plus important de ces sondages a permis au fouilleur
de distinguer quatre niveaux. Les niveaux 4 et. 3 correspondent à une
installation humaine dont les murs n'ont pas été trouvés : implantation
temporaire, implantation en matériaux périssables, implantation à quelque
distance du secteur fouillé ? Les niveaux 2 et 1 correspondent à deux phases de
la vie d'une maison. Or les niveaux les plus anciens sont datés par des
fragments d'une amphore attique que M. Fr. Villard place dans la seconde moitié
du VIIe siècle avant J.-C.; les niveaux les plus hauts n'ont pas donné de
tessons postérieurs au Ve siècle. De la même façon, les objets trouvés dans la
nécropole se situent tous entre la seconde moitié du VIIe siècle et le Ve. Ces
tombes sont soit des incinérations - c'est le cas le plus fréquent - soit des
inhumations d'enfants. Les résultats des sondages à Mersa Madakh sont plus
restreints : constructions et céramique peut-être du VI° siècle.
Aux Andalouses, par contre,
nous nous trouvons devant un site plus important par son étendue et par la
durée de son occupation. La comparaison des tessons découverts sur ce gisement
avec les objets de Rachgoun a incité M. Vuillemot à proposer comme date de la
première occupation connue la fin du VIe siècle ou le Ve. Si hypothétique que
reste cette datation, elle demeure plausible. La encore aucune trace d'habitat
n'accompagnait le matériel des couches profondes. Au dessus, des murets de
pierres sèches ont été mis au jour; ce niveau était séparé du précédent par une
couche d'argile, ce qui introduit donc une solution de continuité. Cet habitat
a subi des [18] remaniements que datent des fragments de vases de la fin du IVe
siècle ou du début du IIIe [3]
et de la céramique punique du IVe siècle. Les niveaux supérieurs sont
caractérisés, le plus ancien par des amphores italiques, de la campanienne
A, B et C et de la céramique ibérique
(vers le IIe siècle), le plus récent par un matériel très proche du précédent
qui pourrait être du Ier siècle avant J.-C. ; on notera l'absence
d’importations d’Arezzo. A une certaine distance de cet habitat, M. Vuillemot a
fouillé une nécropole qui a été utilisée aux IIe et Ier siècle avant J.-C.
Semblable continuité dans
l'habitat se constate sur le site de Tipasa dont la fouille des nécropoles a
été reprise par M. Lancel après le départ de M. Baradez. On connaissait depuis
des années la nécropole orientale de la, ville,
celle d'époque tardive à l'extérieur des murailles de la colonie et celle, bien
plus ancienne, qui s'étendait entre ces murs et le port moderne où se dresse
encore de nos jours un de ces caveaux creusés dans le grès littoral, maintenant
comme arraché de sa gangue et détourné par les carriers romains. M. Lancel a
trouvé une autre nécropole, à l'ouest de la ville antique, près de la voie de
Cherchel. Dans le vallon de Matarès, sous les niveaux romains, dans une zone où
ces sépultures sont beaucoup plus dispersées qu'au voisinage du rempart, des
caveaux ont été mis au jour. Dans la roche ont été excavées de petites
parallèlépipèdiques. Les unes sont entièrement dissimulées dans le rocher et
leur unique accès est, en avant et vers le sud un petit couloir couvert de
dalles. Les autres se présentent de longs monolithes extraits où sont creusées
les tombes. Une de ces tombes est encore recouverte par les restes d'une
construction à degrés faire de blocs régulièrement taillés, et que devait sur monter
un décor architectural dont a subsisté un ded égyptisant. Ces tombes ont servi
pendant une longue période et objets qui y ont été accumulés s’étalent entre la
fin du VIe siècle avant J.-C. et la fin du Ier siècle après. Lors de
la campagne de 1967, le fouilleur a, en effet eu la bonne fortune de mettre la
main sur des fragments de vases à figures noires que M. Fr. Villard date des
dernières années du VIe siècle.
L'occupation du site de Tipasa
est donc fort ancienne. Mais si l'on a retrouvé les nécropoles, on ne sait
encore rien de l'habitat lui-même, ou des habitats, puisque la présence de ces
deux nécropoles fort distantes l'une de l'autre fait problème. I1 est tentant
de supposer que la colline du phare actuel, où a été bâti vers le IIe siècle
après J.-C., le forum, la basilique et le capitole, a attiré un habitat ancien.
Sa position forte, cette fonction de centre administratif, la découverte de
tombes de la fin du Ier siècle ou du début du II- siècle après J.-C. au pied
même de ses pentes sous les villas du bord de mer [4],
tout cela rend l'hypothèse vraisemblable et une fouille stratigraphique devrait
être tentée sur le sommet de la butte. Mais il ne faudrait [19] peut-être pas
oublier aussi de regarder vers la colline que domine Matarès et la plage - le
seul endroit de la côte où l'on peut aisément tirer les bateaux au sec -, vers
cette colline où s'est installée et la nécropole chrétienne et la cathédrale,
de part et d'autre du rempart colonial.
Le site de Tiddis a continué
d'attirer l'attention de M. Berthier que sont venus parfois aider des
collaborateurs du Service des Antiquités. On connaît cette agglomération de la
confédération cirtéenne accrochée le long des pentes du Kheneg qui domine la
vallée du Rummel. Au loin, vers le sud, se dresse le Chettaba et vers l'est
apparaît nettement les rochers à-pic de Constantine. Le réseau des rues qui
grimpent le long des pentes est devenu net, du moins là où l'érosion n'a pas
emporté et le dallage et les murs des maisons. Cependant des incertitudes
demeurent dans la chronologie de cet habitat et la curiosité est avivée par
certaines découvertes récentes. Dans la partie orientale de la ville, un
rempart a pu être suivi partiellement, bien qu'il ait disparu au milieu des
constructions qui sont venues s'appuyer sur lui. D'autre part à l'entrée même
des ruines, des monuments funéraires préromains, des bazinas, ont été fouillés [5].
Un premier sondage, une
tranchée, a été tenté à l’extérieur du mur
d'enceinte, près d'une porte. Si cette tranchée n'a pas
permis de dater la construction qui s'appuie sur le rocher, elle a du moins
permis de reconnaître une séquence stratigraphique intéressante. A la base,
immédiatement au dessus du rocher, la terre contenait exclusivement une
céramique modelée peinte du type de celle qui a été trouvée, il y a quelques
années, dans les bazinas proches de la ville, et du type de celle qui a été
découverte dans les nouvelles bazinas. Au-dessus, les couches contenaient de la
campanienne importée.
A cette dualité révélée par
la stratigraphie qui marque une différence dans le temps entre deux séries de
documents de la culture matérielle, correspond une dualité dans les nécropoles.
Sur la colline orientale, celle que traverse le visiteur avant d'arriver dans
la ville antique, on savait depuis longtemps qu'il y avait la nécropole
romaine. Or là encore des bazinas ont été trouvées; et de l'une d'elles proviennent
de très grands vases modelés [6],
l'un est peint et l'autre porté sur des pieds décorés de têtes humaines. Sur
les flancs de la colline, des incinérations ont été fouillées. Les cendres ont
été déposées dans des fosses creusées dans le rocher ou dans des coffrets de
pierre calcaire. Des objets accompagnaient ces sépultures : céramiques, miroirs
(toujours brisés), ciseaux. Parfois de petits amoncellements de cailloux ou de
dalles plates marquaient le lieu ; quelquefois une stèle dressée [20] donnait le nom du défunt en caractères néopuniques.
Or la vaisselle trouvée - plat d'Arezzo, lampes d'époque augustéenne,
campanienne tardive - permet de dater ces sépultures de la fin du Ier siècle avant ou du début du Ier siècle après J.-C. ; on notera l'absence de poterie
modelée ce qui confirme une nouvelle fois l'antériorité de cette vaisselle par
rapport aux importations d'Arezzo et de certaines campaniennes.
L'histoire
de Tiddis est encore à écrire; mais ce n'est qu'en multipliant les sondages
stratigraphiques dans certains secteurs privilégiés à cause des accumulations
de terres que l'on sortira de l'incertitude et de l'imprécision présente. Cette
analyse en profondeur aura valeur exemplaire pour toute la région de Cirta qui
a connu à l'époque romaine un statut particulier. On sait en effet que les
quatre colonies de Cirta, Chullu, Rusicade
et Milev étaient
réunies par un lien original et qu'autour de Cirta avaient existé de nombreuses
agglomérations, castella. Or il est relativement difficile de fouiller à Cirta
[7]; les
autres castella, hormis Thibilis,
n'ont jamais fait l'objet de recherches systématiques, et leur origine
nous échappe. Pour bien comprendre cette originalité de la confédération
cirtéenne dont les magistrats viennent de faire l'objet d'un diplôme d'études
supérieures de M. M. Bouchenaki soutenu à Alger en 1967, il convient certes de
penser, comme l'a fait remarquer M. Heurgon [8] à la
colonisation de l'époque de Sittius [9], mais
aussi au passé préromain. Les céramiques découvertes à Tiddis (campanienne et
hors stratigraphie, une anse d'amphore rhodienne) prouvent l'ancienneté des
influences étrangères dans l'économie locale ; les autres poteries, celles qui
ont été modelées en Afrique, prouvent une occupation elle aussi ancienne, même
si l'on ne peut encore apporter d'éléments précis pour la dater.
Au-delà
des premiers renseignements qui viennent d'être tirés de ces fouilles menées
sur des sites préromains, et qui permettent de mieux comprendre l'histoire de
ces sites, il convient de tirer deux séries de conclusions, les unes relatives
à l'histoire économique de l'Afrique, les autres aux origines de l'habitat.
Cette
vie économique de l'Afrique, nous continuons de l'appréhender à partir des
importations, mais notre vision a changé en quelques années. Carthage
n'apparaît plus comme le seul lien qui ait existé entre cette Afrique et les
forces nouvelles de la Méditerra[20]née; avant
même que l'influence de Carthage se soit fait sentir, se devinent des courants
commerciaux dont les recherches récentes permettent de localiser les points de
départ et l'aboutissement, ainsi que parfois même - de façon au moins
hypothétique - les étapes. La présence des amphores attiques du VIIe
siècle à Rachgoun doit être rapprochée de celle d'autres amphores attiques, et
ioniennes, trouvées au Maroc sur l'îlot de Mogador [10].
Les autres objets trouvés sur la côte marocaine, à Banassa, à Cottè comme à
Lixus [11]
et la céramique sortie jadis des nécropoles de Gouraya, entre Cherchel et
Ténès, céramique qui a été étudiée par M. Fr. Villard [12],
montrent combien cette vaisselle du Maghrib de l'ouest est différente de celle
qui existait à Carthage à la même époque. Les tessons récemment apportés par
les fouilles de Tipasa viennent confirmer cette vue. A Carthage ont dominé les
importations corinthiennes et étrusques ; sur la côte occidentale, l'essentiel
du matériel est constitué par des importations attiques ou de la Grèce
orientale.
A ces échanges avec le monde hellénique qui sont
arrivés peut-être soit par la Sicile soit par les fondations phéniciennes de la
côte espagnole, se sont ajoutés des échanges avec le monde de Carthage. Preuve
en sont les vases trouvés en si grand nombre à Tipasa, identiques à ceux
fournis par les sites puniques de la côte tunisienne et par les fouilles
anciennes de Carthage. Par malchance, si l'on dispose pour la céramique grecque
de séries rigoureusement datées, à quelques années près, les incertitudes sont
nombreuses, tant pour la date que pour la provenance exacte de la vaisselle
groupée sous le terme de céramique punique [13].
Très mal datées aussi sont les importations que l'on définit comme
précampanienne, campanienne A, B ou C, imitations [14].
Les origines de cette production sont encore mal connues : Sicile, Italie du
sud, Rome, Etrurie ? D'autant que l'existence de centres très différents est
suggérée par l'existence de types si nettement différenciés les uns des autres.
A ces produits venus de l'est, il convient d'ajouter les importations de
céramique ibérique, dont la présence a pu être constatée de façon abondante sur
la côte occidentale de l'Algérie, mais aussi à Hippone.
Il est pour le moment difficile d'écrire une réelle
histoire économique de l'Afrique à l'aide de ces tessons, comme cela a été fait
[22] ailleurs [15]
; cette histoire est d'autant plus difficile que l'on ignore, le plus souvent,
quelle a été la contrepartie de cet échange. De plus, si nous connaissons
relativement bien le commerce à partir de Carthage, nous voyons beaucoup moins
bien celui qui est sorti des autres régions du Maghrib [16].
Ces tessons invitent à une
réflexion sur l'économie africaine mais aussi à une incursion dans l'histoire
politique. L'époque de ces importations de céramique campanienne ou ibérique,
celle aussi de certaines fabrications carthaginoises, est celle des guerres
puniques qui durant les IIIe et IIe siècles ont dominé l'histoire de la Méditerranée
occidentale. Que de renseignements seraient à tirer des fluctuations du
commerce de la céramique sur les côtes africaines, pour une meilleure
intelligence des conflits politiques et militaires. Mais pour cela il faudrait
posséder les résultats de nombreuses fouilles stratigraphiques d'Hipone à
Rachgoun ou à Lixus. La recherche mériterait d'être tentée.
Un autre renouvellement de
la recherche, grâce à ces découvertes, je le vois dans une approche de
l'histoire urbaine. Mogador ou Rachgoun, voilà des sites où la vie s'est
maintenue un temps relativement bref et l'expression de comptoir n'est
peut-être pas trop inexacte. Aux Andalouses, par contre, toute l'histoire de
l'Afrique préromaine est couverte. A Tipasa, la durée est encore plus ample et
à Tiddis, jusqu'en plein moyen âge, la ville sera habitée. Fondations durables
donc. A qui donc revient le mérite de ces créations ? La solution communément
admise est celle de fondations puniques, au moins sur la côte, de colonies ou
de comptoirs carthaginois. Un premier coup a été porté à cette hypothèse par
l'article déjà cité de M. Fr. Villard sur la céramique grecque du Maroc [17].
Ses conclusions paraissent devoir être étendues aux côtes algériennes Comme il l'a lui même vu à propos de Gouraya et
comme invitent à le faire les découvertes de Tipasa. La présence de céramique
attique dès les VIe et Ve siècles, abondante, invite à chercher ailleurs.
Certes, l'hypothèse d'une paléocolonisation grecque a pu être présentée [18],
mais je me demande s'il ne convient pas de faire l'économie d'une telle
solution. C'est ne rien comprendre à l'histoire d'un pays, comme d'un homme,
que vouloir le définir seulement par les influences [23] reçues. Je propose donc, à titre
d'hypothèse pour voir, une sédentarisation précoce et de très anciennes
créations de villages ou bourgades. A un certain moment de l'évolution de la
société africaine, ouverte depuis les siècles de la préhistoire aux influences
méditerranéennes, au moment même où dans le monde méditerranéen les échanges commerciaux
se multipliaient, il était normal que fussent créées des agglomérations. Ce qui
s'est passé dans la péninsule ibérique ou en Gaule du sud, n'est rien d'autre.
A côté d'une colonisation grecque, s'est développé un phénomène d'urbanisation
qui a eu sa propre dynamique. Précisément, les sondages de Tiddis montrent, à
une époque plus récente il est vrai, la présence d'un habitat indigène qui
s'est ouvert aux influences étrangères.
J'irai plus loin. On expliquerait
mal l'ampleur de l'urbanisation durant l'occupation romaine si l'on n'imaginait
derrière elle un long passé de sédentarisation [19] et même
d'urbanisation. Des indices convergents existent : le tumulus bâti au centre
même de Volubilis et l'inscription des sufètes récemment découverte sur le site
[20],
la perfection des techniques de construction qui conduisent au Medracen et de
là au tombeau de la Chrétienne, en passant par le mausolée du Kroubs et par
celui de Beni Rhenane [21], l'abondance des
nécropoles mégalithiques dans des régions aussi fortement urbanisées, et
aujourd'hui abandonnées, que les environs de Tébessa.
On voit dès lors l'ampleur du
travail qui attend les archéologues du Maghrib : mieux connaître et plus
profondément comprendre le passé lointain de la civilisation urbaine qui s'est
maintenue jusqu'à nos jours avec des fortunes diverses. Les sites du littoral
et de l'intérieur de l'Algérie sont nombreux. La moisson sera fructueuse pour
ceux qui sauront fouiller scientifiquement et poser des questions nouvelles au
matériel découvert.
Plus vaste encore est le champ qui
s'ouvre aux recherches de ceux qui veulent comprendre la période durant
laquelle Rome a imposé sa domination économique, politique et culturelle. Tout
est loin d'être dit sur cette colonisation. Le nombre des ruines encore visibles
et des sites fouillés ou en cours d'exploration, l'immensité des zones qui
attendent encore une prospection méthodique, le déjà connu et l'inconnu piquent
la curiosité. L'abondance de recherches n'empèche que bien des problèmes
attendent une solution.
Qui dit romanisation, dit
urbanisation. Aussi la genèse de ce phénomène mérite-t-il de retenir
l'attention. Le travail de L. Teutsch, un jeune chercheur allemand
prématurément disparu [22], vient [25] de montrer ce qu'une étude fondée sur les textes et les inscriptions peut
apporter à notre connaissance. Il importe cependant de poursuivre l'enquête
dans le temps, au-delà de l'époque augustéenne pour bien mesurer l'ampleur des
transformations apportées par Rome en même temps que l'originalité de
l'Afrique. D'autre part l'aide des documents archéologiques sera grande pour
comprendre cette genèse de la colonisation.
[En]
1964, M. J.-P. Morel a effectué des sondages stratigraphiques sur le front de
mer d'Hippone [23]. Les
fouilles anciennes avaient montré que le rivage a progressivement avancé, que
de longs murs à bossages avaient été édifiés, les uns en avant des autres et
que des villas s'étaient installées sur ces terres petit à petit gagnées sur la
mer. Le plus ancien de ces murs est fait d'un grand appareil régulier
particulièrement soigné. Il se trouve daté du Ier siècle
avant J.-C. et c'est sans doute vers la fin de cette époque qu'il convient de
placer le grand temple installé dans une cour à portiques, tout contre les
grands thermes du Nord, de même que le temple dit des Dii consentes sur la colline du Gharf
el Atran. Cela prouve l'ampleur des transformations de la ville, sans doute
après l'époque où la ville a été incluse dans la nouvelle province d'Afrique,
l'Africa nova. Mais d'autre part, l'analyse de la céramique trouvée au
cours des sondages montre que le site était ouvert aux influences et produits
venus de l'Italie dès les environs de 200 avant J.-C.; les imitations,
peut-être locales, montrent aussi la qualité des artisans africains. Par là
même, nous nous trouvons confrontés au problème de l'origine de la ville
d'Hippone et en particulier à celui qui est posé par ce réseau irrégulier de
rues et ruelles mis au jour entre l'ancien rivage et le forum bâti dans la
seconde moitié du Ier siècle après J.-C.; la façon dont ce forum s'insère
dans cet urbanisme parait bien prouver qu'il lui est postérieur. I1 y a donc de
fortes chances pour que nous soyons devant un urbanisme ancien [24] dont
seuls des sondages diront s'il est antérieur ou postérieur à la création de la
province.
Cherchel
est, elle aussi, une ville ancienne. Les fouilles des années qui ont précédé
l'indépendance ont montré, dans l'îlot du phare, des constructions des IIIe-IIe
siècles mais l'implantation de la ville moderne au milieu de l'agglomération
antique rend l'étude peu aisée. L'on ne peut donc, sans entreprendre de travaux
considérables, espérer obtenir des réels résultats qu'aux extrémités orientale
et occidentale de l'agglomération où l'on aura peut-être la chance de
retrouver, comme à Tipasa, les nécropoles. Une d'entre elles a commencé d'être
mise au jour lors de travaux au cap Tizerine, sous les niveaux de deux villas
romaines superposées, fouillées par M. [25] Lassus [25].
Mais la publication n'en a pas été faite, non plus que celle de la villa
trouvée plus à l'ouest, sous le terrain de tennis [26]
et celle du grand portique qui la jouxte vers le sud. Le seul sondage qui ait
été tenté dans ce dernier édifice caractérisé par l'emploi de chapiteaux
dérivés du dorique, semble montrer qu'il peut s'agir d'une construction
d'époque augustéenne.
A l'est de la ville, les
fouilles de 1966 et 1967 permettent par contre d'arriver à une certitude.
Durant la guerre, le long du grand décumanus qui aboutit à la porte
occidentale, avait été mis au jour un quartier de villas et au nord un grand
temple installé au milieu d'une vaste cour à portiques. Un autre temple, plus
petit, a été trouvé en 1964 à quelque distance à l'ouest du précédent. Entre
ces temples et le décumanus, deux villas juxtaposées offraient, au moment de
leur découverte, leurs pavements de mosaïques. Depuis lors, pour les protéger,
ces pavements ont été déposés et des sondages ont été faits sous ces niveaux. Il apparaît que ces villas, ou du
moins celle de l'est sous laquelle les strates sont épaisses, ont été bâties,
avec leurs cours à péristyle autour desquelles s'ordonnent les pièces d'habitation, au plus tard au début du Ier
siècle sous le règne de Juba. De même, le décumanus appartient à la même époque. Sous ces villas,
des constructions plus anciennes, très ruinées, semblent bien datées par la
présence exclusive de campanienne; mais les fragments sont trop peu nombreux
pour que l'on puisse faire remonter haut dans le temps ces constructions qui ont sensiblement la même orientation que
les villas et le réseau des rues. Il
vient dont à l'esprit une question : Quelle est la date du rempart auquel
aboutit cette voie monumentale bordée de portiques ? Est-il, comme elle, du
début du Ier siècle de l'époque de Juba [27]
ou de l'époque où Claude éleva la
capitale de la province de Maurétanie césarienne au rang de colonie ? Quoi
qu'il en soit, nous tenons la preuve de l'importance des transformations
apportées au paysage de la capitale par les derniers, rois Juba ou Ptolémée.
Sur les origines d'une autre
colonie, celle de Sétif, fondée par des vétérans sous Nerva (96-98), les
fouilles récentes ont apporté peu de données [28].
Seule une partie du quartier nord-ouest de l'agglomération antique a été
fouillé et il y a de fortes chances pour que la plus grande partie de la
colonie primitive soit enfouie sous le quartier militaire et la ville moderne.
Pourtant, en dégageant les [26] ruines à
l'ouest de la citadelle byzantine, et en fouillant sous les niveaux du IIIe
siècle, des constructions anciennes ont été trouvées : murs de moellons liés
par de la terre et consolidés par des harpes; ces murs ont même orientation que
les constructions plus récentes et ils sont datés par une couche de terre qui
ne contenait que des importations du sud de la Gaule. Notons au passage
l'importance de cette constatation : à l'époque de Nerva, n'arrivait à Sétif
que ce type de vaisselle et non point ce que l'on est. convenu d'appeler la
sigillée claire A, à pâte et vernis orangé. Celle-ci pourrait donc n'être
arrivée à Sétif qu'au cours du IIe siècle, en si grande abondance qu'elle est
quasiment la seule représentée, avec la poterie commune non vernissée, dans la
nécropole orientale.
Cette nécropole vient d'être
partiellement fouillée. La publication en est préparée avec la collaboration de
M. Guéry [29]. Sur
une vaste surface, les incinérations se sont accumulées, les unes au dessus des
autres : incinérations sous tuiles ou sous des caissons de maçonnerie, parfois
recouvertes d'un tas de pierraille, quelques fois marquées par une stèle, petite
on monumentale, qu'accompagne une table d'offrande pour le repas funéraire.
Dans certains cas, les corps ont été brulés et laissès en place dans une fosse
peu profonde : dans d'autres cas les cendres ont été regroupées dans des vases.
Il semble bien que les
plus anciennes tombes soient des incinérations, et seulement des incinérations.
Ce qui fait supposer que les nouveaux habitants de la colonie ne suivaient
pas ou n'utilisaient plus les rites traditionnels. Mais, fait curieux,
cette nécropole n'a pas été
par la suite
réservée à des incinérants. Vers le IIIe peut-être, au IVe siècle très
vraisemblablement, des inhumations ont été creusées parfois très profondément
et jusqu'au rocher en certains
cas. Ces sépultures contiennent peut de
matériel , mais certaines d’entre elles présentent des rites très anciens,
des corps déposés en décubitus
latéral fléchi [30], coutume que l'on aurait pu croire oubliée. Faut-il voir dans cette renaissance de
traditions le signe de l’arrivée de nouveaux habitants venus de zones rurales
qui auraient conservé les habitudes anciennes ? Ou bien faut-il voit
seulement là une reprise de coutumes pour des raisons qui nous échappent ?
Toujours est-il qu’il y a là une
preuve complémentaire de la persistance du monde traditionnel dans l'Afrique
romanisée.
Si à
Sétif, c'est une nécropole et quelques sondages dans un quartier qui nous
montrent les transformations du paysage urbain. à Tébessa, c'est
dans un amphithéâtre qu'il faut aller chercher la confirmation d'un semblable
phénomène [31]. Sur
les pentes du thalweg [27] l'oued Zarour, un amphithéâtre est en cours de dégagement. Or la
dernière campagne de fouille, en 1967, vient confirmer une hypothèse que
suggéraient les sondages de 1966. La première construction a été faite au cours
du Ier siècle après J.-C.; dans cette
édifice, comme dans ceux qui lui ont succédé, les gradins étaient simplement
posés sur des terres, terres rapportées du côté de l'oued et étayées vers
l'extérieur par un mur en petit appareil irrégulier conforté par des arases de
grands blocs, terres de la colline sur l'autre moitié de l'ellipse. Dans les
terres de remblais, jusqu'à présent, seuls des tessons de céramique importée du
sud de la Gaule ou d'Italie ont été trouvés, à l'exclusion de toute forme de
sigillée claire A. Il est donc tentant de placer cette construction dans la
seconde moitié du Ier siècle ou au
début du IIe, soit à l'époque où la IIIe légion auguste a séjourné à Tébessa,
soit au moment où a été fondée la colonie, sous Nerva ou peut-être Trajan.
Ce monument a été agrandi et
une nouvelle enceinte extérieure a été bâtie, à partir de la fin du IIIe
siècle. Plusieurs étapes sont sensibles, toutes postérieures au règne de Claude
le Gothique, mais il n'a pas encore été possible d'être plus précis. Au IVe
siècle, l'amphithéâtre se présentait comme une ellipse d'environ 86
m, 50 de long sur 80 m 50 de large. L'arène qui mesure sur son grand axe 52 m,
80 et sur le petit axe 39 m 50 est délimitée par le mur du podium en grand
appareil régulier de calcaire. Des inscriptions font connaître ceux qui ont financé la construction : Venerii,
Victoriniani,
Honoratiani, sans doute de
grandes familles de Théveste. Sur la balustrade du podium, d’autres noms sont
gravés ; ils nous révèlent d'autres noms de famille qui avaient droit aux
gradins du bas.
Cet exemple de Théveste nous a conduit au IVe siècle,
période pour laquelle de très
nombreuses constructions nous ont été laissées, édifices, profanes ou
chrétiens, publics ou privés. Dans bien des cas, nous sommes encore bien gênés
pour apporter des dates précises. Tel est le cas pour un certain nombre de maisons et des
pavements de mosaïques qui les décoraient. M. J. Lassus a montré par l'étude d'un
thème, celui de Vénus marine [32],
l'importance de la fin de l’Antiquité dans le renouvellement du décor et des
formes esthétiques ; i1 lui semble - et je partage son point de vue - que bien
des pavements africains ont été antidatés et doivent être placés,
au plus tôt, au IVe siècle.
Une série de renseignements
précis a été apportée par des fouilles récentes. A Cherchel, les archéologues
ont, provisoirement, joué de malheur, car très rares sont les tessons qui ont
été trouvés sous les pavements de la maison de Thétis et Pélée [33]
ou sous ceux de la villa du tennis. En
tout cas, la présence de sigillée D invite à ne pas vieillir au-delà du IVe
siècle ces mosaïques. On n'a pas eu davantage de chance à Djemila, tant à la
maison de l'Âne que dans celle de [28] Bacchus. Par contre, à Sétif, les fouilles menées
dans le quartier nord-ouest de 1961 à 1964 ont été riches en résultats [34].
Au-delà de la zone où ont été trouvées les constructions primitives de la
colonie signalée plus haut [35], au-delà même de
la zone recouverte par les embellissements de la fin du IIe ou du
début du IIIe siècle, un quartier nouveau a été bâti entre 355 et 378, comme
l'ont démontré les sondages stratigraphiques tentés en plusieurs points du
site. Quartier fait de rues orthogonales oui doivent prolonger les voies de la
ville primitive puisqu'elles s'organisent selon 1a même orientation ; quartier
fait de villas, de boutiques, d'habitations modestes. en arrière du rempart à
façade de grand appareil, qui enserra la ville dans la seconde moitié du IVe siècle. La date de 355 est fournie par une monnaie trouvée au fond
des terres de remblais qui ont été apportées pour niveler quelque peu le terrain
avant d'implanter les rues. Celle de 378 est connue grâce à
une mosaïque d'une des deux basiliques funéraires édifiées dans
ce quartier. Le sol de ces deux lieux de cultes [36] était, partiellement
au moins, couvert de mosaïques qui marquaient l'emplacement de tombes et qui
étaient datées par la mention du jour, du mois et de l'année des décès, année
qui était indiquée par rapport au comput de l'ère provinciale de la Maurétanie.
La plus ancienne tombe est de 378 ; elle donne donc un terminus pour la
construction de la basilique A. Or cette basilique a coupé une rue. Nous
connaissons donc par là l'intervalle pendant lequel le réseau des rues a été
tracé. L'autre basilique B est antérieure à 389. Dans la première, on a enterré
au moins jusqu'en 429 ; dans l'autre jusqu'en 471.
Dans ce quartier, une vaste
demeure a été trouvée, mais elle était trop détruite pour que l'on puisse en
dire quoi que ce soit. Par chance, de petits thermes ont été bien conservés et
le pavement de la salle froide est intact avec sa représentation de la
naissance de Vénus. Or les sondages stratigraphiques et la présence de motifs
décoratifs semblables à d'autres motifs qui apparaissent sur une tombe de la
basilique B amènent à placer cette mosaïque à la fin du IVe, sinon
même dans les premières années du Ve siècle. C'est à la même époque qu'il faut
rapporter les mosaïques géométriques d'une autre maison du quartier. Cela donne
donc de précieux indices de chronologie absolue pour l'étude des pavements en
mosaïque de l'Afrique antique.
L'importance de la ville qui avait
été élevée au rang de capitale provinciale à la fin du IIIe siècle,
apparaît mieux encore si l'on sort des remparts et lorsque l'on découvre le
cirque. Sans doute ne subsiste-t-il que lés fondations dé cette construction
qui a dû attirer des foules avides de courses de chars. Mais le plan montre
l'ampleur
[29] du parti. Actuellement, le monument est dégagé sur 500
mètres. Sa largeur est de 77 m à l'extérieur et à l'intérieur, d'un mur du
podium à l'autre, sa double piste mesure 67 m. Dans la partie arrondie, du côté
de la ville, par endroits, les voûtes qui portaient les gradins sont visibles à
leur départ. Vers le nord, les carceres d'où
partaient les chevaux n'ont pas été retrouvées : elles doivent être enterrées
sous les maisons du quartier de Bel-Air. Là encore, les sondages, si pauvres qu'ils aient été, ont permis de constater
que le monument datait du IVe siècle.
Un des édifices les plus grandioses de l'Afrique
antique chrétienne est certainement le groupe épiscopal de Djemila. avec ses
deux basiliques juxtaposées et ses annexes. Un certain nombre d'indices ont été
apportés pour en placer la construction dans les premières années du Ve siècle
et pour proposer comme date de certains
pavements - ceux de 1a. basilique sud - une époque très basse, vers le VIe
siècle [37].
Un autre édifice témoigne de la puissance et de la richesse du christianisme
africain, toujours au début du Ve siècle, c'est la basilique de Tébessa. Un
dégagement des mosaïques des trois nefs de cet édifice a permis de faire quelques constatations sur les dispositions liturgiques
[38].
Une fouille a été entreprise dans la salle tréflée placée en contrebas, sur la droite de cette basilique. La mosaïque
martyrologique qui avait été jadis
dégagée par Sérée de Roch a été déposée [39]
et des sondages ont été pratiqués. Ils permettent de mieux comprendre les
origines de ce lieu de culte. A une époque qui, pour le moment- nous échappe
encore- mais sans doute dans la première moitié du IVe siècle.
plusieurs tombes et un vase qui contenait des reliques ont été déposés autour
d'un espace qui a été laissé
vide. Plus tard, a été placée la mosaïque martyrologique qui rappelle que le 11
des kalendes de janvier, on faisait mémoire de sept martyrs : on a trouvé sous
le mortier de cette mosaïque deux monnaies de Constance, ce qui nous donne un terminus a quo. Cette construction
primitive autour de laquelle se sont multipliées les tombes à la fin du IVe
siècle et sans doute encore au début du V° sècle, a été remplacée, après le
début du règne d'Arcadius, par l'édifice actuel de forme tréflée dont le niveau
s'est trouvé porté à plus d'un mètre au dessus de celui de la memoria
primitive. En même temps, comme le montrera M. Christern, a été construite la
basilique à trois nefs et sans doute posée une partie de ses mosaïques.
De ces fouilles, une conclusion me parait s'imposer :
l'importance de la seconde moitié du IVe siècle et même du début du Ve siècle,
[30] dans l'histoire des constructions en
Afrique [40].
Constatation qui amène à se poser des questions sur la situation économique
réelle de l'Afrique et sur l'importance de la classe la plus aisée des villes,
celle des curiales à laquelle M. Darbelet a consacré un diplôme d'études
supérieures soutenu à Alger en 1967. Il a montré, entre autres choses, la part
prise par les familles les plus riches dans cette fièvre de construction et il
s'est efforcé d'interpréter plus justement ce que l'on sait par ailleurs sur la
fuite des curies : signe d'un changement dans les mentalités - la fuite des
curiales n'étant que l'envers de cet autre phénomène, l'attrait des bureaux -
et non point signe d'une crise économique.
Une histoire fondée sur une réelle
connaissance des données archéologiques, une interprétation qui ne se
limiterait pas à un commentaire pour ainsi dire au ras des objets,
apporteraient des vues nouvelles sur l'Afrique antique, mais avant de parvenir
à un tel niveau d'élaboration, il convient de multiplier les descriptions. Il ne
sert en effet à rien de fouiller si l'on ne publie pas ; or beaucoup de
documents attendent encore, les uns une publication précise, les autres même
une simple note détaillée. A parcourir les sites à ce jour dégagés,
l'archéologue apprend à mesurer les lacunes de la documentation imprimée et
celle des archives conservées par le Service des Antiquités à Alger - encore qu'il y ait
là des documents inédits, rapports de fouilles ou plans.
Aussi une des tâches urgentes
est-elle de faire l'inventaire des monuments inédits ou imparfaitement publiés
et dans un second temps d'assurer cette publication. Voici quelques-unes des
oeuvres en cours. M. Christern, de l'Institut archéologique allemand. aidé d'un
architecte. M. Müller, a fait les relevés de la basilique chrétienne de
Tébessa, de la basilique civile et du forum de Tipasa et des édifices chrétiens
de cette ville. M. Rakob, lui aussi de l'Institut archéologique allemand, s'est
proposé de venir en 1968, après avoir travaillé en Tunisie, étudier le prétoire
de Lambèse c'est-à-dire le bâtiment érigé au
centre du camp de 128, à la rencontre du
cardo et du décumanus. Plusieurs thèses de IIIe cycle sont en cours
: celles de M. J.-P. Ville-Allaman sur les basiliques chrétiennes de Diemila (à
Alger), de Mademoiselle Lemée sur les maisons et mosaïques du quartier primitif
de cette même ville (à Paris). de Mademoiselle Kadra sur les Djedar qui vont
faire l'obiet de restaurations et de dégagements (à Alger). M. Janon achève
l'étude de l'Asclepeium de Lambèse et M. Lequément la publication des fouilles
de l'ampbithéatre de Tébessa. Plusieurs travaux commencés avant ou après 1962
viennent même d'être achevés. En 1964. le Service des Antiquités a publié la
thèse de M. J. Birebent sur l'hydraulique romaine dans l'est algérien, résultat
de prospections nombreuses sur le terrain [41]. Mademoiselle
Warot a soutenu en [31] 1966 à Paris
sa thèse sur les mosaïques de Timgad et ce catalogué a été remis à
l'impression. M. J. Marcillet-Jaubert a de son côté soutenu à Alger en 1964 une
thèse sur les inscriptions d'Altava ; l'ouvrage va lui aussi être imprimé.
Cela m'amène à parler d'une autre
entreprise particulièrement importante pour l'Algérie, celle des Inscriptions latines de l'Algérie dont le tome I qui
couvrait la partie occidentale de la Proconsulaire a été imprimé en 1922 et
dont la première partie du tome II est sortie en 1957. M. H.-G Pflaum a repris
dès 1963 ses prospections dans le Constantinois ; son enquête est pratiquement
achevée et il a remis à l'impression le volume II du tome II, qui contient les
inscriptions de Thibilis et de sa région. Impression coûteuse, nécessité de
nombreuses prospections et donc de constituer une équipe, dépouillement
exhaustif des revues savantes, tout cela explique la lenteur de l'élaboration.
Des enquêtes sont en cours : M. Marcillet-Jaubert, après avoir parcouru
l'Oranais, consacre plus d'un mois chaque année à aller de site en site dans la
partie méridionale de la Numidie, de Négrine à Ngaous en passant par Timgad et
Lambèse, Gemellae et Diana
veteranorum ; M. P. Courtot
effectue de son côté le dépouillement des revues. Les dossiers pour la
Sitifienne sont constitués ; pour la Césarienne l'ouvrage est en cours : Madame
Tomic a classé les fiches pour la partie orientale et classé les archives du
Service pour le reste de la province ; M. S. Lancel a promis ses notes sur
Tipasa ; M. Leveau qui prépare une thèse de IIIe cycle sur les
monuments funéraires de Cherchel met au point les dossiers de ce site ; le
reste de la province a été prospecté par M. Marcillet-Jaubert. Quant à M. P.
Salama, il s'occupe de la publication des milliaires.
L'histoire du Maghrib antique ne
doit pas être écrite à l'aide des seules inscriptions gravées sur pierre,
parfois sur métal [42], rarement au
calame ou au pinceau sur des poteries [43]. Elle peut se
faire à partir des monuments figurés. Des catalogues semblables à ceux oui ont
été réalisés pour la Gaule ou qui sort en cours, comme celui des sculptures par
E. Espérandieu, continué par M. Laitier, ou comme celui des mosaïques auquel travaille
M. H. Stern, sont de précieux instruments de travail. Des projets de catalogues
à l'échelle internationale ont été élaborés dans les dernières années. Il
faudrait que des chercheurs se missent à l'oeuvre. Une autre enquête est à
entreprendre : le catalogue des céramiques conservées dans les musées ou
découvertes au cours des dernières fouilles. L'étude de l'Afrique préromaine
nous a montré l'importance de cette source pour comprendre l'histoire
économique d'une époque. Un travail semblable est à [32] faire pour
l'époque romaine. Au Maroc, l'exemple vient d'être donné par le catalogue des
importations de sigillée hispanique [44], et M. Drouhot a
fourni le catalogue des marques de potiers du musée d'Oran [45].
Un des problèmes important pour l'histoire africaine est celui de l'origine de
ces objets que l'on classe sous le terme de sigillée claire A, C ou D, pour
adopter une classification de M. N. Lamboglia [46] - la sigillée B
est, me semble-t-il pour le moment, absente de nos régions - et dont on
attribue souvent encore sans preuve [47] à l'Afrique la
fabrication. Il y a là une recherche qui doit conduire soit à constater la
permanence des courants d'importation vers l'Afrique soit à affirmer un
renversement du rythme des échanges : l'Afrique devenant producteur au lieu
d'être importateur. L'on trouve d'autre part dans les niveaux du Ve ou du VIe
siècle, sinon même du VIIIe, des tessons qui dérivent de ces modèle-,: on les
retrouve dans toute la partie orientale du bassin de la Méditerranée. Dans
quels sens se sont faits ces échanges et jusqu'à quand? Poser la question, sans
oser même la résoudre, c'est montrer l'importance de l'enquête pour qui veut
connaître l'économie du bassin méditerranéen à la veille de la conquête arabe [48].
Ces catalogues des objets de la vie
quotidienne. comme des images qui constituent, le décor de la maison (mosaïques
ou peintures). ou encore des sculptures religieuses ou funéraires, peuvent
mener à mieux apprécier l'art africain, à le comprendre dans son originalité [49].
[33]
Histoire des formes qui
déboucherait dans une histoire des idées comme nous y invite la récente thèse
de M. M. Leglay sur Saturne africain [50]. Un volume
d'études historiques et deux volumes d'inventaire des monuments montrent la
complexité du devenir religieux africain ; et cette complexité se retrouve au
niveau de l'analyse des formes. A l'originalité de cette religiosité, répond la
qualité de stèles comme celles de Lambafundi, de Ngaous, de Djemila ou de Beni Fouda [51].
« Impossible romanisation des âmes" dit M. Leglay ; n'y a-t-il pas aussi
une impossible romanisation ou hellénisation de l'art ? Ce qui est vrai de la
sculpture, l'est aussi de la mosaïque où d'une part les thèmes sont inspirés
par la tradition mythologique et les cartons fournis par les ateliers répandus
sur toutes les côtes de la méditerranée et où d'autre part une forme originale
a été créée. Nulle part mieux que dans l'art de la mosaïque est sensible cette
contradiction de l'Afrique, dans cet art qui nous le savons maintenant grâce
aux mosaïques de Piazza Armerina en Sicile [52], a été exporté au
delà des rivages où il a été élaboré.
Quelques jours avant de mourir,
mon ami G. Ville me disait son désir d'analyser l'iconographie des mosaïques
africaines. De ce dernier entretien, au début de septembre 1967, je retiens,
entre autres choses, cette invitation à une réflexion et sur les sujets et sur
les formes, sur l'image comme signe d'une société nouvelle et en même temps
très vieille. Car les sujets comme l'esthétique élaborée par les artisans de
mosaïques, sont autant de voies pour pénétrer l'Afrique de l'antiquité tardive.
Sans aucun doute, l'analyse des partis architecturaux comme du décor sculpté
conduirait à écrire une histoire des mentalités qui irait rejoindre celle qui
s'écrit à partir des textes [53].
Nous rejoignons par là le problème
de la romanisation de l'Afrique et en contrepoint celui de la résistance [54],
de la permanence ou de la renaissance des forces traditionnelles, deux façons
pour essayer de voir les choses de l'intérieur de l'Afrique. Je dis bien
essayer car il [34] serait présomptueux de croire qu'il est aisé de
comprendre ce monde complexe de l'Afrique antique [55].
En attendant de mettre au net les notes accumulées pour les cours des années
présentes, je vais tenter de préciser quelques axes de mes propres réflexions.
Ce qui a été dit plus haut, tant
à propos de l'économie et de cette source qu'est la céramographie, qu'à
l'occasion des recherches sur l'urbanisation, aura montré l'intérêt d'une
analyse comparée de la situation économico-sociale de l'Afrique avant et après
146 avant J.-C. Certes comme l'a bien souligné L. Teutsch, la colonisation
romaine, à son point de départ, a essentiellement répondu aux exigences de la
politique intérieure; il n'en demeure pas moins que ses résultats ont dépendu des
conditions des pays touchés par cette expansion. La comparaison même qui se
fait spontanément ou inconsciemment dans les esprits, entre la colonisation
romaine et la colonisation française du XIXe- siècle, entre la chute de la
puissance de Rome et les phénomènes de décolonisation apparaît tellement
boiteuse à qui a quelque expérience de l'antiquité, que cela doit inviter à
réflexion. L'essentiel est de savoir quelle différence réelle existait entre
les modes de production de Rome et de l'Afrique (ou des différentes parties de
l'Afrique) au IIe siècle. L'écart qui existait entre le capitalisme
de l'Europe du XIXe siècle et le mode de production où en était restée
l'Afrique sous la domination turque explique l'ampleur du conflit qui n'a pas
manqué de naître. En était-il de même dans l'Afrique antique ? Ce que M. Camps
a montré à propos de l'agriculture [56], ce qui vient
d'être dit pour les villes, ce que l'on sait du rôle joué par la partie la plus
riche de la société des villes - cela est particulièrement sensible à Lepcis
magna, comme Gigthis ou à Dougga - conduit à poser la
question, sinon encore à y répondre.
On a écrit des histoires des
provinces romaines de l'Afrique, de la civilisation romaine en Afrique. Une
histoire de l'Afrique vue non de Rome ou de Carthage mais de l'intérieur est
encore à écrire. Spécificité de l'art, comparé à celui de Rome comme à celui
des autres provinces, originalités administratives - et cela jusqu'à une [35] époque très avancée dans le temps -, religiosité
très particulière qui explique peut-être pour une part le succès rapide du
christianisme, tout cela pourrait conduire à un renouvellement. Histoire
décolonisée ? Sans doute oui, pour reprendre une idée de M. Sahli [57],
mais aussi une histoire qui devra chercher à se fonder scientifiquement. Témoin
de son temps, l'historien l'est à la fois par ses engagements politiques et
doctrinaux et par son souci de rationnalité. Il l'est aussi en empruntant ses
méthodes aux divers courants de la recherche, en écrivant une histoire de longue
durée, en présentant une vision diachronique ou synchronique d'une certaine
société.
Enfin pour comprendre la romanisation, sa profondeur
et aussi ses faiblesses, il conviendra de ne pas oublier de regarder au-delà de
cette pseudo-coupure que marque la chute de la domination romaine dans le
courant du V' siècle. Là encore, il faut renverser les cloisons que l'on impose
trop facilement au devenir historique. Si importante que ce soit la
périodisation, elle ne peut être une excuse pour limiter la curiosité. Le monde
de l'Afrique byzantine est-il si différent de celui du Ve siècle ? Celui des
royaumes barbares introduit-il une modification fondamentale dans l'histoire
profonde de l'Afrique ? J'en doute [58].
De même qu'en Occident, l'histoire de la romanité, celle des grandes familles
comme celle de la culture, ne s'est pas arrêtée en 406 ou en 476, de même en
Afrique, il est des continuités dans la culture comme dans la langue, dans
l'économie comme dans la technique, qui doivent devenir objet de réflexion. La
permanence de l'habitat urbain, même dans les régions les plus tardivement
romanisées de l'Oranais comme à Altava ou
Pomaria (Tlemcen), est un signe de cette continuité. La vaisselle
vernissée des fouilles de Tiddis en est un autre. Il suffirait de fouiller à
Baghaï, à Tobna, à Magra pour mieux comprendre ce phénomène. La fondation de la
Kalaa des Bnu Hammad n'est sans doute pas un hasard et il faut espérer que les
fouilles en cours permettront de connaître les raisons de ce choix.
Tout au long de cet exposé, nous nous sommes trouvés
sans cesse ramené à la ville, pour comprendre sa naissance, ses transformations
comme sa survie. Certes cela est pour une part dû à mes propres curiosités.
Mais la cité n'est-elle pas la base même de la vie pour toute une large part de
l'antiquité ? N'est-ce pas aussi un maghribin, Ibn Khaldoun, qui a fondé toute
une part de sa vision du monde, toute son analyse de l'umran, sur la distinction entre sédentarité dont la forme la
plus achevée est la citadinité, et la vie rurale, sur la dualité entre hadara et badiya. Cette prise de conscience [36] de l'importance de la ville s'explique certainement par les difficultés
auxquelles s'était trouvé confronté Ibn Khaldoun pour comprendre et essayer de
transformer le monde où il vivait. Il voyait devant lui disparaître une
certaine civilisation qui avait été celle de la cité ou de la ville, héritage
de la Méditerranée antique.
Archéologie et histoire, la
fécondité du dialogue est assurée par les résultats acquis depuis le XIXe
siècle. Pour l'histoire de l'Afrique, si nous ne disposions que des sources
textuelles, nous serions bien peu avancés; si nous nous contentons d'interroger
les inscriptions, si nombreuses qu'elles soient, le progrès est encore réduit;
mais si nous osons utiliser la totalité du matériel qui est mis ou doit être
mis à notre disposition par les méthodes modernes de fouilles, il est à gager
que nous pouvons, ou nous pourrons, réellement renouveler cette histoire.
Pour cela, il n'est peut-être pas
besoin de multiplier les grands chantiers; ils exigent la mise en place
d'équipes nombreuses de spécialistes - archéologues, architectes, photographes
et dessinateurs -, lorsque l'on ne veut pas se contenter, comme on l'a fait
trop souvent par le passé, de dégager un monument ou même une ville. Si
l'archéologue sait limiter son action, choisir une fouille - non pour trouver
des objets ou une construction, mais pour résoudre un réel problème historique
- accepter de fouiller seulement ce qu'il est capable de publier immédiatement
- car tout retard est dangereux -, alors il verra que la pauvreté des moyens
n'exclut pas une réelle fécondité de la recherche. L'Algérie, comme tout le
Maghrib oriental, est très riche. Dégager un monument, c'est créer un nouvel
intérêt touristique ; mais si cela n'est pas fait selon des normes précises,
c'est ajouter un édifice de plus à la longue série de ceux qui ne nous ont rien
apporté, ou si peu, pour la connaissance de l'homme. Il importe donc qu'une
réelle politique nationale de la recherche archéologique soit définie et
poursuivie. Protection du patrimoine et élaboration d'une législation [59],
formation de cadres nombreux capables d'assurer la mise en valeur des richesses
artistiques, mise en place d'équipes chargées à la fois d'inventorier monuments
et documents de la culture matérielle et de faire avancer la recherche
scientifique, tel est le but que s'est proposé, au Ministère de l'Education
Nationale, le Service des Antiquités qui dépend de la Direction des affaires
culturelles (Sous-Direction des Arts et Musées).
Paul-Albert FEVRIER
[1] Des
comptes rendus sommaires des travaux effectués en Algérie depuis l'indépendance
ont été donnés dans le Bulletin d'archéologie algérienne (cité
B.A.A.) dont ont paru les tomes I (1962-1965) et II (1966-1967) ; le tome III
est prêt pour l'impression (1968). On trouvera d'autre part dans cette revue
des articles détaillés sur un certain nombre de fouilles et découvertes faites
dans les dernières années. Cette publication qui fait suite à Libyca,
Archéologie-épigraphie dont ont paru les tomes I (1953) à IX (ler semestre 1961), le tome VIII2
(1960) ayant paru en 1965 ; à cette revue, sera jointe une série de
publications d'ouvrages relatifs à l'archéologie en Algérie. Noter en outre que
le Service des Antiquités publie une collection de guides de sites. Sont sortis
à ce jour: S. LANCEL, Tipasa de
Maurétanie,
1966 et P.-A. FÉVRIER, Djemila, 1968.
Pour les
fouilles en Algérie de 1964 à 1966: P.-A. FÉVRIER,
dans Comptes rendus de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, 1967,
p. 92-109.
Une
bibliographie sur l'Afrique antique est donnée par J. DESANGES et S. LANCEL, dans
B.A.A., t. I, 1962-1965, p. 277-301 et t. II, 1966-1967, p. 315-349,
pour les années 1960 à 1964 ; cette bibliographie fait suite à celle donnée
dans Libyca,
Arch. Ep., de 1953 à 1961 par M.
M. LEGLAY. Elle doit être complétée par celle de Libyca, Anthrop. Préhist. Ethn., t. XII, 1964, pp. 351-360 ; t. XIII, 1965, pp. 339-349 ; t. XIV, 1966,
pp. 421-436.
Sont parues des indications
bibliographiques dans les autres revues du Maghrib : Bulletin d'archéologie
marocaine, Africa, Les cahiers de Tunisie et Libya antiqua.
[2] G. Vuillemot, Reconnaissances aux échelles puniques
d'Oranie, Autun, Musée Rollin, 1965, 456 pages. C.R. S. LANCEL, dans Rev. des études latines, t. XLIII, 1966
et P.-A. FÉVRIER, dans Journal des
savants, avril-juin 1967, p. 107-123.
[3] Ce qui corrige ce qu'une coquille m'a fait écrire
dans Journal des savants, p. 108.
[5] A. BERTHIER Les bazinas de Tiddis, dans Libyca
Anthrop. Préhist., t. IV, 1956, pp.
147-153 ; G. CAMPS La
céramique des sépultures berbères de Tiddis, ibid., p.l55-203.
[6] Une
photographie dans Comptes rendus de l'Ac. des inscr. et Belles-Lettres, 1967, p. 93.
[7] Toute la
ville ancienne et les nécropoles sont recouvertes par les constructions
modernes. Seuls les abords ont donné des découvertes intéressantes au cours des
dernières années. Pour El Hofra : A. BERTHiER et R. CHARMER, Le
sanctuaire punique d'El Hofra à Constantine, Paris, 1952 ; les
fouilles effectuées à Sidi M'Cid peu avant 1962 n'ont pas été publiées : elles
ont permis de mettre au jour un quartier habité au II`-Ier siècle avant J.-C.
sur les pentes, en contre-bas de l'à-pic qui porte la ville médiévale. Seule a
été publiée une mosaïque : A. BERTHIER, Une mosaïque solaire trouvée à Constantine, dans
Mélanges Carcopino, Hachette, Paris, 1966, p. 113-124].
[8] J.
HEURGON dans Libyca, Arch., ép., t. V, 1957, pp. 7-24.
[9] Qui s'est poursuivie par des fondations d'époque
augustéenne : A. PIGANIOL, et H.G.
PFLAUM, dans Recueil de... Constantine, t. LXVIII, 1953, pp. 217-228.
[10] A. JODIN, Mogador comptoir phénicien du
Maroc atlantique, Tanger, 1966.
[11] Fr. VILLARD,
Céramique grecque du Maroc, dans Bull. d'arch. mar., t. IV,
1960, pp. 1-26.
[12] Dans Libyca,
Arch. ép., t. VII, 1959, pp. 7-13.
[13]
Utiliser avec prudence P. CINTAS, Céramique
punique, Paris, 1950 ; voir c.r. critique de P. DEMARGNE, dans Rev. arch., 1951, t.
XXXVIII, pp. 44-52.
[14] Sur ces
termes, N. LAMBOGLIA, Per una
classificazione preliminare della ceramica campana, dans Atti del I
congresso intern. di studi ligure, Bordighra, 1952, pp. 139-206 ; D.M. TAYLOR, Cosa, Black glaze pottery, dans Memoirs
of the american academy in Rom, t. XXV, 1957, pp. 65-194 ; J.P. MOREL, Céramique à vernis du forum romain
et du Palatin, Paris, 1965.
[15] Fr. VILLARD, La céramique grecque de Marseille
(VIe-IVe siècles), essai d'histoire
économique, Paris, 1960 ; G. VALLET,
Rhégion et Zancle, Paris, 1958 ; G. VALLET et Fr. VILLARD, Céramique et histoire grecque, dans Rev. hist., t. CCXXV, 1961, pp. 295-318 ; E. WILL, La Grèce archaïque, dans Deuxième
conférence internationale d'histoire économique, Aix-en-Provence, 1962, Paris, 1965, pp.
42-58.
[16] Pour l'Afrique indépendante, voir G. CAMPS, dans
Libyca,
Arch. ép., t. VIII, 1960, p.
196-203. Parmi les découvertes récentes qui établissent des liens entre
l'Afrique et l'Etrurie, voir un œuf d'autruche : M. TORELLI, dans
Studi
etruschi, t. XXXIII, 1965, pp.
329-365
[17] Voir
plus haut note 11.
[18] H. TREIDLER,
Eine
alte ionische Kolonisation in numidischen Afrika, dans Historia, t.
VIII, 1959, p. 257-283 ; A. SCHENK von STAUFFENBERG,
Doreius,
dans Historia, t. IX, 1960, pp. 180-215.
[19] M.
CAMPS insiste précisément sur cette
sédentarisation : par ex. Libyca, Arch. ép., t. VIII, 1960, pp.
931-121.
[22] Das Städtewesen in Nordafrika
in der Zeit von C. Gracchus bis zum Tode des Kaisers Augustus, Berlin, 1962.
[23] Dans B.A.A., t. I, 1962-1965, p. 107-139 ; article
à paraître dans B.A.A., t. III, 1968. ,
[24] J. LASSUS,
Adaptation à l'Afrique de l'urbanisme romain, dans Huitième
congrès international d'archéologie classique, Paris 1963. Le rayonnement des
civilisations grecque et romaine sur les cultures périphériques, Paris, 1965,
pp. 252-255 et pl. 45-46.
[26] La partie septentrionale de la villa a été publiée
par J. LASSUS, L'archéologie algérienne, dans Libyca, Arch. ép., t. VII, 1959, pp. 246-269. La partie méridionale a été dégagée en
1963 et non publiée. Des sondages ont été faits en 1966 pour dater les
constructions : ils ont été peu fructueux car la terre vierge est apparue très
vite sous les sols.
[27] P.-M. DUVAL, Cherchell et Tipasa, Recherches sur
deux villes fortes de l’Afrique romaine,
Paris, 1946, pp. 144-148.
[28] En attendant un rapport préliminaire à paraître
dans le supplément au BAA, P.-A. FÉVRIER, Notes sur le développement urbain en Afrique du
Nord, les exemples comparés de Djemila et de Sétif, dans Cahiers
arch., t. XIV, 1964, pp. 26-33.
[29] Rapport préliminaire
sur les fouilles de 1959 à 1962, B.A.A., t. II, 1966-1967, pp. 11-93. D'autres
fouilles ont été faites en 1966
et 1967 et un rapport d'ensemble est en cours de préparation.
[30] G. CAMPS, Aux origines de la Berbérie,
Monuments et rites
funéraires protohistoriques, Paris,
1961, pp. 469-477.
[32] J. LASSUS,
Vénus dans La mosaïque gréco-romaine, Paris, 29 août - 3 septembre 1963 Paris,
1965, p. 175-190. Sur ce thème de la forme artistique de l'antiquité tardive,
un colloque s'est tenu en avril 1967 à Rome à l'Accademia dei Lincei.
[33] Publiée
par J. Lassus, dans B.A.A., t. I,
1962-1965, p. ï5-105.
[34] Un
rapport préliminaire a été rédigé et doit être publié en 1968.
[35] Voir plus haut p. 148.
[36] P.A. FÉVRIER, Fouilles de Sétif, Les basiliques
chrétiennes du quartier nord-ouest, Paris, 1961
[37] P.-A. FÉVRIER,
dans B.A.A., t. I, 1962-1965, pp. 207-214 ; dans Bull. de la soc. nat. des ant. de France, 1965, pp.
84-92.
[38]
Communication à paraître dans les actes du VIIe congrès international
d'archéologie chrétienne, Trèves, 1965.
[39] L. LESCHI, Etudes d'épigrapbie, d'arcbéologie et d'histoire
africaines, Paris, 1957, pp. 126-131.
[40] B.H. WARMINGTON,
The north african provinces from
Diocletian to the vandal conquest, Cambridge,
1954, p. 33 (chiffres inexacts).
[42] L'étude de l'inscription sur plomb, d'époque
byzantine, trouvée dans la région de Télergma et publiée imparfaitement par Bosco et ALQUIER dans Recueil de ... Constantine, t. LVIII, 1927, pp. 209-216 et dans Comptes rendus de l'ac. des Inscr. et
Belles-Lettres, 1927, pp. 98-103 a été reprise par Madame DuVAL et
moi-même.
[43] Sur les ostraka africains : E. ALBERTINI, dans Cinquantenaire de la Faculté des Lettres d'Alger, Alger,
1932, p. 60-62 ; R. MARICHAL,
dans Scriptorium, t. IV 1, 1949, pp. 133-134 ; J.-P. BONNAL et P.
A, FÉVRIER, dans B.A.A., t. II,1966-1967,
pp. 239-249.
[44] T.
Boube, La terra sigillata hispanique en Maurétanie tingitane, Les marques de
potiers, Rabat, 1965. Le P. Deneauve prépare un travail sur les figurines
de terre cuite de Carthage. M. Slim a en cours une thèse de IIIe cycle sur les
lampes des musées de Tunisie. M. Salomonson a fait des recherches sur les fours
de potiers de Sidi Aich en Tunisie et m'a montré les résultats des
prospections.
[45] Dans B.A.A.,
t. I, 1962-1965, pp. 141-157. M. GUÉRY a
commencé un travail analogue pour les autres musées d'Algérie.
[46] Dans Rivista
di studi liguri, t. XXIV, 1958, pp. 257-330 et t. XXIX, 1963, pp. 145-212. On trouvera l'utilisation
de ces termes dans l'ouvrage cité à la note 36 et dans P.A. FEVRIER, Remarques préliminaires sur la
céramique romaine d'Afrique du Nord, à propos des fouilles de Sétif, ibid.,
pp. 125-136.
[47] En particulier M. BARADEZ, dans Libyca, Arch. ép.,
t. IX, 1961, pp. 114-130 (où se trouvent confondus des types divers) : id.,
dans Actes du quatre-vingt-dixième congrès national des sociétés savantes,
Nice, 1965, Paris, 1966, pp. 271-290 ; id. dans Mél. d'arch. et
d'hist., t. LXXIX, 1967 (1), pp. 231-268. Le fait que l'on trouve en
abondance cette vaisselle à Tipasa ne peut-être considéré comme un indice de
l'origine africaine de cette marchandise.
Plus j'avance, et cela est encore trop lent, dans
cette recherche, plus je sens la complexité des problèmes. Dans le temps, des
types divers se sont succédés : si je suis d'accord avec M. Lamboglia sur le
terme de sigillée claire A et B, pour le reste je suis plus hésitant et je vois
mal la différence entre C et D : je me demande s'il ne faudra pas distinguer
davantage d'ateliers. Il faudra ensuite pour chacun de ces types et ateliers
trouver les fours. Ceux que M. Salomonson a prospectés en Tunisie à Sidi Aïch
semblent bien avoir fourni des types apparentés, sinon identique, à ceux de la
sigillée D ; il faudra fouiller pour avoir la certitude. Je ne sais pas encore
exactement ce qu'ont donné les fours de Tiddis : là encore une fouille sera
nécessaire. Il faudra enfin établir des cartes de répartition de chaque type et
de chaque forme et donc prospecter systématiquement tout le bassin
méditerranéen...
[48] Dans Les
cahiers de Tunisie, t. XII, 1964, pp. 129-137.
[49] G. PICARD, Les influences classiques
sur le relief religieux africain, dans Le rayonnement des civilisations..., pp. 237-242 ; M. LEGLAY, ibid., pp. 242-244.
[50] M. LEGLAY, Saturne africain, Histoire, Paris 1966, Bibl. des éc. fr. d'Athènes
et de Rome, fasc. 250 ; Saturne africain, Monuments, t. I, Paris,
1961 et t. II, 1966. C.R. dans Rev. arch. à paraître.
[51] Note de
vulgarisation dans Archéologia, n° 3, mars-avril 1965, pp. 60-65.
[52] Depuis l'album de photographies publiées par
B. PACE, I mosaici di Piazza armerina, Rome, 1955 et la brève brochure
de G.V. GENTILI, La villa imperiale di Piazza armerina, Rome, 1954, la
bibliographie s'est enrichie par d'innombrables articles et ouvrages. On
trouvera un dernier, et provisoire, état des questions donné par A. CARANDINI, La
villa di Piazza armerina, la circolazione della cultura figurativa africana nel
tardo impero ed altre precisazioni, dans Dialogbi di archeologia, t.
I, janvier 1967, pp. 93-120. Sur les mosaïques africaines, lire aussi J.
W. SALOMONSON, La mosaïque aux chevaux de l'antiquarium de Carthage, La
Haye, 1965. Une communication de M. G. Ch. PICARD a été faite sur ce sujet lors
du colloque de l'Accademia dei Lincei tenu à Rome en 1967.
[53] Je
pense en particulier aux suggestions que l'on pourra tirer de la thèse de M.
MANDOUZE sur Mystique et grâce chez Augustin.
[54] M. M. BENABOU prépare une thèse d'État sur le
thème de la résistance berbère à la romanisation sous la direction de M.
Grimal.
[55] Au cours des dernières
années, divers ouvrages ont paru relatis à l'histoire générale de l'antiquité
au Maghrib. Entre autres : G. Ch. PICARD, La civilisation de l'Afrique romaine, Paris, 1959 ; P.
ROMANELLI, Storia delle provinze romane dell'Africa, Rome, 1959 ;
Y. LACOSTE,
dans Lacoste, Prenant et Nouschi, Algérie
passé et présent, Paris. 1960 ; R. APACHE, histoire ancienne de l'Afrique du Nord, 1964.
D'autres travaux concernant des périodes plus réduites intéressent le même
problème : celui de Warmington cité à la note 40 ; Chr. COURTOIS, Les Vandales et
l'Afrique, Paris, 1955 ; G. G. DILIGUENSKIJ, Severnaïa Afrika v IV-V vekakb Moscou,
1961 dont un compte rendu détaillé est donné par M. T. KOTULA, dans B.A.A., t.
II, 1966-1967, pp. 343-349 ; H. T. DIESNER.
Der Untergang
der römischen Herrschaft in Norafrika, Weimar, 1964. Sans oublier T.-P. BRISSON, Autonomisme et christianisme dans l'Afrique romaine
de Septime Sévère d l'invasion vandale, Paris, 1958. On trouvera
aussi une réflexion sur les problèmes sociaux dans A. TENGSTRÖM, Donatisten und Katholiken. Soziale,
wirtschaftliche und politiscbe Aspekte einer nordafrikanischen Kirchenspaltung,
Göteborg, 1964.
[56] Dans Libyca, Arch., ép., t. VIII, 1960, pp.
58-91.
[58] J'ai
essayé de le montrer dans deux notes sous presse : un chapitre de l'Histoire
de l'Afrique dirigée par J. PIRENNE (éd.
de la Renaissance du Livre), sur l'Afrique durant l'époque vandale ; et dans
une communication au colloque d'avril 1967 organisé
par l'Accademia dei Lincei.
[59] Une
législation a été élaborée par le Ministère de l'Education nationale et le
Ministère du Tourisme. Voir Journal officiel, t. 7,-n° 7, mardi 23
janvier 1968 : ordonnance 67-281 du 20 décembre 1967.
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