mercredi 21 janvier 2015

Fours de potiers du XIVe s. de Rirha (Sidi Slimane, Maroc)

La mission archéologique de Rirha est codirigée par L. Callegarin (Université de Pau, M. Kbiri Alaoui (INSAP, Rabat) et A. Ichkhakh (Essaouira). Reconnu dès 2004, un premier four de potiers du XIVe s. est implanté sur les ruines d'un pressoir d’une domus antique à proximité d’une porte du rempart oriental de Rirha, bénéficiant ainsi de l’axe économique que constitue la "pénétrante" de la ville.

Dès le départ, le four est constitué de plusieurs parties distinctes : un foyer oblong à l’ouest et une chambre de chauffe légèrement surélevée à l’est et de plan grossièrement quadrangulaire ; cette dernière est surmontée d’une chambre de cuisson. Les parois basses du four ne présentent pas de caractère particulier ; elles sont construites en adobes revêtus d’un enduit argileux grésé. Les différentes strates du comblement montrent, entre des phases de production, des reprises importantes dans la structure en cours d'écroulement : mise en place d'un pilier central et de piliers latéraux non fondés pour soutenir la sole affaissée, réparation répétée de la paroi sud et nord (certaines ont subi peu de cuissons). Le re-creusement du foyer, chaque fois plus profond, semble indiquer le passage à un combustible à plus longue flamme nécessitant d’éloigner le feu des poteries à cuire. Les productions de céramique commune sans revêtement, étudiées par J. Coll et A. Fili sont attribuées au XIVe s., datation confirmée par 14C (Poz-31717 = 605 ± 30 BP soit 1290-1410 à 95%) et par archéomagnétisme (Madrid).

L’abandon du four correspond à l’arrêt de l’atelier puisque les dernières poteries tournées, trouvées au dessus des matériaux dus à l'écroulement, n’ont pas été cuites. La construction médiocre du premier four dégagé et ses réparations non fondées sérieusement, ne se préoccupant pas de la stabilité des parois soumises aux effets répétés de la chaleur, sont-elles la marque d’un artisanat en perte de vitesse ou d’un petit atelier marginal ?

Le dégagement ultérieur de la zone au nord de ce premier four en a révélé un second mais aucune trace des installations de l'atelier dans ce terrain arasé ou au dessus de la domus fouillée dès 1920. Ce deuxième four fait certainement partie du même atelier. Creusées dans les remblais d'abandon de l'huilerie de la domus antique où les fosses médiévales sont nombreuses (zone marginale de l'habitat), ses parties inférieures, comparables au premier four, n'ont pas fait l'objet du chemisage d'adobe traditionnel. Les parois chauffées se sont tassées (remblais hétérogènes) entraînant une large faille, cuite également car on n'a pas pris soin de la boucher. Le comblement garde le souvenir des productions mais aussi du combustible identifié par M.-P. Ruas (surtout graines, tiges et racines de graminées; légumineuses, plantes sauvages et coprolithes de mouton/chèvre). Comme l’abandon de ce dernier comportait des poteries tournées et non cuites, ce deuxième four peut être considéré comme l’ultime four employé dans cet atelier.

D'autres traces d'artisanat de la poterie ont été approchées pendant cette deuxième campagne de fouille dans la partie sud du site : un four à proximité de la domus sud, très arasé, semble être du même type que les précédents. La présence de plusieurs sépultures récentes a sérieusement perturbé cette structure et son comblement ; elles n'ont pas permis une étude plus poussée. Si peu de fours ont été dégagés au Maghreb, les études ethnologiques y sont nombreuses. Le four du XIVe siècle de Targha au Maroc (Bazzana 1990) présente une certaine analogie avec le four de Rirha.

  • http://la3m.cnrs.fr/pages/recherche/axes/axe-3/A3_Prog2/FA-Rirha/galerie_Rirha/Imagette/RHA08phfour_100.jpg

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