La mission
archéologique de Rirha est codirigée par L. Callegarin (Université de Pau, M.
Kbiri Alaoui (INSAP, Rabat) et A. Ichkhakh (Essaouira). Reconnu dès 2004, un
premier four de potiers du XIVe s. est implanté sur les ruines d'un pressoir
d’une domus antique à proximité d’une porte du rempart oriental de Rirha,
bénéficiant ainsi de l’axe économique que constitue la "pénétrante"
de la ville.
Dès le
départ, le four est constitué de plusieurs parties distinctes : un foyer oblong
à l’ouest et une chambre de chauffe légèrement surélevée à l’est et de plan
grossièrement quadrangulaire ; cette dernière est surmontée d’une chambre de
cuisson. Les parois basses du four ne présentent pas de caractère particulier ;
elles sont construites en adobes revêtus d’un enduit argileux grésé. Les
différentes strates du comblement montrent, entre des phases de production, des
reprises importantes dans la structure en cours d'écroulement : mise en place
d'un pilier central et de piliers latéraux non fondés pour soutenir la sole
affaissée, réparation répétée de la paroi sud et nord (certaines ont subi peu
de cuissons). Le re-creusement du foyer, chaque fois plus profond, semble
indiquer le passage à un combustible à plus longue flamme nécessitant
d’éloigner le feu des poteries à cuire. Les productions de céramique commune
sans revêtement, étudiées par J. Coll et A. Fili sont attribuées au XIVe s.,
datation confirmée par 14C (Poz-31717 = 605 ± 30 BP soit 1290-1410 à 95%) et
par archéomagnétisme (Madrid).
L’abandon du
four correspond à l’arrêt de l’atelier puisque les dernières poteries tournées,
trouvées au dessus des matériaux dus à l'écroulement, n’ont pas été cuites. La
construction médiocre du premier four dégagé et ses réparations non fondées
sérieusement, ne se préoccupant pas de la stabilité des parois soumises aux
effets répétés de la chaleur, sont-elles la marque d’un artisanat en perte de
vitesse ou d’un petit atelier marginal ?
Le
dégagement ultérieur de la zone au nord de ce premier four en a révélé un
second mais aucune trace des installations de l'atelier dans ce terrain arasé
ou au dessus de la domus fouillée dès 1920. Ce deuxième four fait certainement
partie du même atelier. Creusées dans les remblais d'abandon de l'huilerie de
la domus antique où les fosses médiévales sont nombreuses (zone marginale de
l'habitat), ses parties inférieures, comparables au premier four, n'ont pas
fait l'objet du chemisage d'adobe traditionnel. Les parois chauffées se sont
tassées (remblais hétérogènes) entraînant une large faille, cuite également car
on n'a pas pris soin de la boucher. Le comblement garde le souvenir des
productions mais aussi du combustible identifié par M.-P. Ruas (surtout
graines, tiges et racines de graminées; légumineuses, plantes sauvages et
coprolithes de mouton/chèvre). Comme l’abandon de ce dernier comportait des
poteries tournées et non cuites, ce deuxième four peut être considéré comme
l’ultime four employé dans cet atelier.
D'autres
traces d'artisanat de la poterie ont été approchées pendant cette deuxième
campagne de fouille dans la partie sud du site : un four à proximité de la
domus sud, très arasé, semble être du même type que les précédents. La présence
de plusieurs sépultures récentes a sérieusement perturbé cette structure et son
comblement ; elles n'ont pas permis une étude plus poussée. Si peu de fours ont
été dégagés au Maghreb, les études ethnologiques y sont nombreuses. Le four du
XIVe siècle de Targha au Maroc (Bazzana 1990) présente une certaine analogie
avec le four de Rirha.
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